Trump/vaccin : le « Saint-Graal » avant les élections ?
Alors que la crise du Covid touche durement les États-Unis avec près de 5 millions de personnes infectées, la popularité de Trump est au plus bas. Quoi de mieux qu’un vaccin à quelques semaines des élections pour booster la côte du président et le conduire vers un éventuel nouveau mandat ? C’est l’idée que met en avant un article du journal New York Times.
Selon le journal américain, les scientifiques auraient exprimé leurs inquiétudes quant à l’influence qui s’exerce sur le projet de recherche de vaccin. La dénommée opération Warp Speed (un terme de science-fiction signifiant « plus rapide que la vitesse de la lumière ») prendrait une tournure très politique. En effet, le délai fixé pour l’élaboration d’un vaccin est octobre 2020, soit, un mois avant les élections présidentielles. Un délai très ambitieux puisque le développement d’un vaccin prend généralement plusieurs années. Certains pays comme la Russie ont déjà annoncé 2021 comme date. « On s’attend à avoir un vaccin disponible très tôt avant la fin d’année (…) nous sommes très proches du but », a déclaré Trump, qui a promis de délivrer un vaccin en un temps record. Ce qui rendrait les scientifiques travaillant sur le projet particulièrement nerveux et sous pression. Selon le même article, les officiels de la Maison-Blanche ne mentionneraient pas explicitement les élections durant leurs discussions, mais les conseillers qualifieraient en privé de « Saint-Graal » tout vaccin élaboré avant les élections.
Politisé, l’efficacité du vaccin remise en question
Plusieurs personnes impliquées dans cette opération seraient donc inquiètes d’une mainmise de l’administration sur l’opération. Les experts en santé publique signalent que l’administration Trump pourrait exercer une pression politique sur la Food and Drug Administration (FDA) pour qu’elle approuve un vaccin COVID-19 avant qu’il ne soit prêt. Celle-ci pourrait « prendre deux ou trois vaccins, et dire nous les avons testés sur quelques milliers de personnes, ils semblent sûrs, nous allons les utiliser » confie un professeur de l’Université de Pennsylvanie, Paul A. Offit, et membre d’un comité de la FDA. Cinq vaccins candidats ont été sélectionnés par l’administration de Trump afin de recevoir des millions de dollars de financement et un statut prioritaire dans les essais à venir impliquant des dizaines de milliers de patients pour tester leur efficacité. Au total, Washington a ainsi dépensé 6,3 milliards depuis mars pour financer des projets concurrents, chez des laboratoires établis comme Johnson & Johnson, Pfizer et AstraZeneca, et chez deux petites sociétés de biotechnologie, Novavax et Moderna.
Cependant, en priorisant certains vaccins plutôt que d’autres, l’administration Trump exerce un pouvoir immense sur les produits qui pourraient éventuellement être mis sur le marché et donc sur les entreprises qui vont pouvoir couvrir leurs investissements. À noter que l’opération Warp Speed, qui est supervisée par Jared Kushner, le gendre du président, n’a publié aucune norme publique ni aucune explication sur les candidats vaccins qui ont reçu la priorité et pourquoi. Un porte-parole de la Maison-Blanche défend néanmoins l’engagement du président, et l’importance que représente pour lui la santé et la sécurité des Américains, premiers touchés par la pandémie : « cela n’a rien avoir avec la politique ».